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Relazione sull'agricoltura effettuata dalla CGT e dalla CNT-F

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COORDINATION SYNDICALE MEDITERRANEENNE

Délégation de la CGT-E et de la CNT-F

dans les exploitations agricoles du Souss Massa (Maroc) 8-10 mai 2013

Invitée par la Fédération nationale du secteur agricole (FNSA) de l'UMT, du 8 au 10 mai, une délégation de la CGT-E et de la CNT-F, a rencontré, dans le cadre des accords de la coordination syndicale méditerranéenne, plusieurs sections syndicales d'entreprise de production et d'emballage de produits agricoles, majoritairement orientées vers l'exportation en direction du marché européen.

8 mai

La délégation a rencontré trois sections syndicales du secteur de l'emballage de produits agricoles à Aït Melloul (8 hommes et 5 femmes), sections qui connaissent des situations différentes :

* Azrou-COPAG, une entreprise où le code du travail est appliqué, le syndicat respecté, les primes dont celles d'ancienneté sont payées. Le syndicat existe depuis 10 ans dans l'entreprise et les travailleurs-euses ont obtenu certains acquis : la sécurité sociale qui couvre les primes, la prise en compte de l'ancienneté, le transport en bus et non en camionnette, la délivrance des bulletins de paye, l'allocation familiale (200 dirhams par mois et par enfant, ce jusqu’au 3ème enfant). Aujourd'hui l'entreprise a changé de patron et les salariés luttent pour maintenir leurs droits par rapport à leur salaire, aux primes. Ils sont 300 à lutter, dont 80% de femmes.

* Pack-Souss, entreprise dans laquelle une lutte est menée pour la reconnaissance de la section syndicale, créée en 2011. A partir de l'affrontement avec le délégué syndical, ils ont commencé à voir la nécessité de créer une section syndicale. Après avoir organisé deux manifestations devant l'entreprise et avoir appelé à une troisième le jour suivant, l'entreprise a fini par reconnaître la section syndicale.

* Nufribel, entreprise où il y a eu un réel échec : licenciements, agressions par le patron, 3 mois de lutte et répression, la bataille syndicale a été perdue malgré les grèves menées. 3 militants du comité syndical ont été licenciés et 3 autres ensuite. Le patron a déposé une plainte contre eux et ils ont été accusés de violer la liberté de travailler (article 286 du code pénal). Soutenus par un avocat du syndicat, ils ont réussi à être acquittés par le tribunal. Ils ont déposé une plainte pour licenciement abusif. Le patron a agressé physiquement une travailleuse. Il a été condamné à 2 mois de prison avec liberté conditionnelle et à une amende. L'entreprise a tenté d’acheter les ouvriers et les pousser à se corrompre en leur donnant 2000 dirhams (environ 200 euros) pour que les ouvriers renoncent à leur ancienneté, démissionnent de leurs contrats et acceptent de nouveaux contrats. 8 ouvriers sur 55 résistent. 95% des salariés sont des femmes.

9 mai

Le jour suivant, nous avons visité la zone de Chtouka Ait Baha, la région de Ait Amira, à côté de Biougra.

Une réunion avec les sections syndicales de Soprofel et Douna Export y a été organisée.

Soprofel est une des plus grandes entreprises. Elle a 10 propriétés (finca) de 6 ou 7 hectares et 10 fermes (granja). Au total, dans les 200 ha où sont cultivés des piments pour l'exportation. Ils ont aussi une entreprise de conditionnement à Biougra. 2000 travailleurs-euses. Ils ont licencié plus de 600 salariés et ont embauché des nouveaux, sans les déclarer à la CNS (sécurité sociale).

Douna Export. Entreprise espagnole (FRUCA) s'est installée dans la région en 1979. A partir de 2005, il y a eu des changements au préjudice des travailleurs-euses. Le travail au forfait qui permettait des salaires plus élevés a été supprimé. Les prêts CETELEM sont issus d’accords entre les entreprises et les banques pour accorder des crédits aux ouvriers les mois où les salaires sont les plus bas (en fonction des tâches, des primes…). Ces crédits sont déduits des salaires. Et les montants des crédits sont très élevés par rapport au niveau de vie des ouvriers, qui sont ainsi pris à la gorge.

Il y a 140 travailleurs-euses qui ont de l'ancienneté d’environ 20 à 30 ans de travail dans l’entreprise (90% d'hommes) et 600 nouveaux contrats (90% de femmes). Certains licenciements abusifs ont touché des ouvrier-ère-s ayant de nombreuses années d’ancienneté, aucune prime ne leur a été versée. Ces ouvriers sont parfois remplacés par des employés non originaires de la région.

En 2010, un syndicat a été créé et l'entreprise refuse de le reconnaître. Les travailleurs-euses ont actuellement 3 revendications :

1/ des moyens de transport sûrs et humains, pas des vieilles camionnettes où ils sont entassés comme des animaux.

2/ la suspension du travail quand il fait plus de 45°C, températures que les travailleurs-euses doivent supporter dans les serres.

3/ depuis 2005, l'entreprise a imposé le dimanche comme jour de repos hebdomadaire. Avant, c'était le lundi qui est le jour du marché hebdomadaire et cela répondait à la coutume locale (le code du travail marocain le reconnaît dans son article 206). La CGT-e s'est engagée à envoyer un courrier à l'entreprise espagnole pour appuyer les revendications des travailleurs-euses.

Concernant les conditions de travail à Douna Export, nous ont été aussi rapportées des situations d’embauches non déclarées, d’heures supplémentaires non payées, une absence de couverture santé face à des accidents de travail nombreux, des pressions de toute nature (physiques, psychologiques) sur des ouvrier-ères syndiqué-e-s.

Ensuite, nous avons visité une entreprise de semences multinationale suisse (Syngenta) majoritairement à capitaux suisses. Nous avons été reçus par des personnes des ressources humaines (le responsable, français, et deux femmes marocaines). Il existe deux pôles dans la région de cette multinationale :

1- une station d’essai de semences hybrides, les théories pondues par des laboratoires français et suisses sont mis en pratique dans ce site, avec norme iso9000 et protocoles sanitaires drastiques.

2- la vente de porte-greffe et de semences de l’agro-business.

Syngenta intervient à tous les stades de la chaîne, car ces porte-greffes demandent une obligation de fertilisation adaptée, des pesticides adaptés et ils interviennent aussi dans la phase de commercialisation.

De manière générale, ils respectent des normes minimales : travail de 6 jours par semaine et 8 heures par jour ; beaucoup d'indications de sécurité (plus de 250 jours sans accident) ; le travail dans les serres s'arrêtent à partir de 38°C à l'ombre ; le transport se fait en autobus ; la prime d'activité est payée. Il existe aussi une prime d’ancienneté, une prime sur objectif, un 13ème mois de salaire, une couverture santé, etc. Une infirmerie est présente sur le site. Ici les ouvrier-ère-s sont payé-e-s au SMAG, différentes primes complètent le salaire en fonction des tâches effectuées.

Dans cette entreprise, trois syndicats sont présents : CDT qui syndique les cadres, UMT-FNSA où sont syndiqué-e-s les ouvrier-ère-s, et l’UNTM est présente aussi.

Le soir, la délégation a rencontré et mangé avec une quarantaine de syndicalistes de la FNSA (qui sont le noyau qui porte la FNSA dans la région) pour voir ensemble les vidéos du 1er mai à Oulad Teima et Agadir avec des manifestations massives et une importante participation de la FNSA. A Oulad Teima, le 1er mai a été organisé par la FNSA et à Agadir par l'UMT, mais la FNSA y a été très présente. Nous avons aussi rencontré un avocat qui travaille avec eux.

La FNSA a dans la région 1500 cotisants et une influence sur 10000 travailleurs-euses. La FNSA a trois locaux : à Aït Melloul, Aït Amira (nous avons été dans ces deux locaux) et un à Oulad Teima, en plus de celui de l'UMT à Agadir, et compte des sections syndicales dans au moins 30 entreprises.

Le fait de célébrer ensemble le bon travail fait pour le 1er mai nous renseigne aussi sur les relations humaines et d'amitié entre les militants. Il y a eu beaucoup d'interventions sur la projection de vidéos, d'hommes et de femmes et ensuite nous avons mangé.

Nous avons rencontré Omar Aziki de Attac Maroc qui nous a présenté globalement les conditions d’exploitations dans la région. C’est une région de production de tomates, poivrons, piments, aubergines, courgettes et autres, principalement dédiés bien sûr au marché européen. Ce sont des cultures particulièrement friandes en eau dans une région semi-aride. L’alimentation en eau provient d’un détournement, de la part des entreprises, de l’eau de régions moins arides au détriment des populations vivant dans ces régions.

10 mai

Le soir, nous avons retrouvé Mohammed Hakech, secrétaire général de la FNSA, pour assister à une table ronde organisée par la FNE (fédération nationale de l’éducation - UMT) et nous rencontrer.

Nous sommes aussi retournés à Aït Amira pour recueillir un rapport sur Douna Export (en grande partie en arabe), sur la question du jour de repos hebdomadaire et pourquoi ils demandent le lundi et ne veulent pas du dimanche.

Les principaux problèmes qui ont été détectés :

* la reconnaissance du syndicat. Les patrons ne veulent pas de la FNSA dans leurs entreprises et licencient les syndicalistes ou ne reconnaissent pas la section syndicale. Ils préfèrent la CDT avec laquelle ils collaborent (selon la FNSA) ou dernièrement l'UNTM, du parti du gouvernement, le PJD, les islamistes. Les syndicalistes ouvrier-ère-s agricoles subissent régulièrement des pressions et de la répression syndicale.

* le non-respect du code du travail marocain en ce qui concerne les conventions collectives, les salaires, les primes d'ancienneté, le paiement de la sécurité sociale, les conditions de sécurité et d'hygiène, le transport des salarié-e-s, la température dans les serres...

La délégation du ministère de l'emploi et la délégation du travail collaborent avec les entreprises bien qu'ils travaillent aussi sur les dénonciations et les aspects légaux, en général avec peu de résultat.

Les entreprises utilisent les changements permanents de nom pour ne pas payer l'ancienneté et faire des nouveaux contrats aux mêmes travailleurs. Normalement, il y a un numéro de travailleur-euse fixe et éventuellement d'autres pour les taches saisonnières, beaucoup de ceux-là ne cotisent pas à la sécurité sociale, ne respectent les horaires de travail (48 heures dans l'agriculture), ne paient pas les heures supplémentaires.

Quelques entreprises maintiennent le travail au forfait. Le problème est que le travailleur finit son travail avant les 8 heures et qu'on le charge d'autres travaux sans les lui payer.

Un autre problème que nous avons constaté est celui des crédits bancaires. Travaillant conjointement, les entreprises et les banques ont offert des crédits aux salarié-e-s pour acheter une maison, le transport, etc. avec débit sur la feuille de paie de l'entreprise avec laquelle le travailleur reste totalement dépendant. Quand les salaires et les primes diminuent, quasiment la moitié de la paie va pour payer le crédit CETELEM (nous avons vu la feuille de paie d'un travailleur de Douna export qui en novembre 2009 gagnait 1572 dirham et, avec l'escompte de 256 dirham de remboursement de prêt, et aujourd'hui il gagne 302 dirhams après l'escompte de 256 dirhams).

Toutes ces entreprises offrent principalement un travail saisonnier, environ 5 à 6 mois, le reste de l’année est donc très difficile financièrement pour les ouvrier-ère-s car la vie continue et l’acquittement des crédits aussi. Nous a été évoqué aussi face à ces conditions de précarité des situations de prostitution pour beaucoup d’ouvrières. Et un manque de sensibilisation concernant la prévention. Il se trouve que la région du Souss-Messa serait la région la plus touchée par le sida au Maroc.

Le thème central et commun de la FNSA est la mise à niveau du SMAG avec le SMIG.

Concernant les salaires, il y a deux types de salaires minimum au Maroc : le SMIG à 12 dirhams de l'heure, et le SMAG qui est réservé aux travailleurs agricoles à 9 dirhams de l'heure. Cette différence existait au départ car l'ouvrier agricole bénéficiait d'avantages : nourriture et logement fournis par l'entreprise. Avantages qui n'existent plus depuis longtemps.

Une convention collective a été signée en février 2O11 portant sur l'égalisation du SMAG au SMIG, sur les conditions de transport des ouvriers, sur la priorité à l'embauche des autochtones, sur l’arrêt de travail par températures trop élevées. Cette convention existe mais n’est quasi-jamais appliquée.

NB. Au Maroc, l'agro-business ne paie pas d'impôts, qui en a été exonérée par Hassan 2 en 1984, ce qui doit prendre fin, normalement, en 2013.

Sur le site de la CGT-E, nous avons publié plusieurs articles sur les luttes menées par la FNSA :

http://www.cgtandalucia.org/El-18-de-abril-l-s-obrer-s

http://www.cgtandalucia.org/Victoria-de-los-huelguistas-de

http://www.cgtandalucia.org/Lucha-de-los-obrer-s-agricolas

Sur le site de la CNT-F, quelques liens :

- Un article doit paraître dans notre journal mensuel Le Combat Syndicaliste de décembre 2013, sur les luttes menées au mois de novembre par les ouvriers agricoles de Douna Export.

- Un entretien filmé et en ligne, réalisé en décembre 2012, du secrétaire général adjoint de la FNSA présentant la fédération et les luttes menées

http://www.cnt-f.org/video/videos/44-international/430

le-syndicalisme-agricole-au-maroc

- Relais de la campagne contre Azura en 2009:

http://www.cnt-f.org/international

Maroc-Les-produits-Maraissa-souilles-par-la-sueur-et-les-sang-des-ouvriers-et-ouvrieres.html

Relais des luttes des ouvriers de Soprofel: Chronologie de la lutte:

http://www.cnt-f.org/international/Maroc-Lutte-syndicale-au-groupe-SOPROFEL.html

Article dans numéro2 de Afrique sans chaîne:

http://www.cnt-f.org/international/-Afrique-sans-chaines-.html

- Relais des luttes des salariés de la SODEA et la SOGETA:

http://www.cnt-f.org/international/Maroc-Le-ras-le-bol-des-salaries-de-la-SODEA-et-de-la-SOGETA.html